Petite, on m’a toujours dit que je devrais me concentrer sur mes études car cela me garantira un boulot dans l’avenir.
En grandissant, à chaque fois que j’ai voulu que mes parents m’achètent quelque chose, ils me disaient que si je travaille bien je pourrai m’offrir tout ce que je désire.
J’ai alors commencé à me donner à fond dans mes études, à toujours vouloir faire partir des meilleurs. Je passais des nuits blanches à boire du thé, du café pour étudier toute la nuit. Et je voyais les résultats de tous ces efforts, j’avançais de classe en classe et je validais les examens les uns après les autres.
J’étais fière et plus que tout, mes parents étaient fiers. Je continuais donc sans jamais relâcher la pression. Fatiguée, souvent malade, mais toujours motivée car comme on le dit souvent « plus grand est l’effort, plus grande sera la récompense ». Aucune raison d’arrêter tant qu’on n’était pas arrivé à la fin, c’est-à-dire avoir suffisamment d’argent pour s’offrir tout ce qu’on veut.
Car pour moi, bonheur rimait avec richesse. Et j’étais persuadée que si je faisais les choses comme il fallait, la vie me le rendrait.
J’étais une fille sage : j’étais tout le temps à la maison. Mes journées se résumaient à étudier, dormir, lire et discuter avec mes frères et sœurs.
Puis, un jour, je deviens adulte, je me retrouve sur le marché de l’emploi. Là, je me rends compte que les règles sont différentes. Ma méthode de vie longtemps appliquée sur les bancs ne marche pas dans la vie d’adulte. Il ne suffisait plus de juste se battre, il fallait également développer d’autres compétences, avoir d’autres qualités et livrer d’autres batailles plus rudes que les examens de classe. Il m’a donc fallu très vite assimiler ces nouvelles règles.
Et je peux vous assurer qu’il n’y avait pas de manuels qui listaient ces règles. Il a fallu apprendre par l’expérience. Cela impliquait de se lancer à l’aveugle, de se tromper, de reculer, de retenter, de regretter et d’avoir mal, beaucoup mal.
Mais comme une grande fille, j’ai fait ma petite expérience. Après plusieurs années dans l'arène, je me disais que c’était presque la fin, il me fallait juste obtenir le boulot et je pourrai enfin bénéficier de tous les sacrifices, les miens et ceux de mes parents.
Mais comme on le dit chez moi, « c’est mal connaître la vie ».
Toutes mes demandes d’emploi étaient rejetées et je le vivais très mal. Je repassais en boucle dans mon esprit tout mon parcours en me demandant ce que j'avais loupé. Je voyais la déception dans le regard de mes parents.
Plus le temps passait, plus cette difficulté à avoir du boulot affectait mon état d’esprit. En un laps de temps, je suis passée de l’espoir à la culpabilisation puis à la tristesse et au désespoir complet.
Mais je n’ai jamais arrêté de postuler et un jour, bim ! J'ai reçu un appel d’une entreprise pour passer un entretien. Tout se passe bien, je décroche cet emploi haut la main.
C’était censé être le début d’une vie heureuse pour moi mais je ne me sentais pas complètement accomplie et heureuse. J’étais sur ma faim.
Pourquoi ? Parce que j’ai cru qu’avoir le boulot, le CDI était la finalité alors que c’est juste le commencement d’une nouvelle aventure avec encore de nouvelles règles. Une aventure où tu vois tes charges augmenter, la routine s’installer, le salaire qui ne suffit plus et la famille qui te regarde de loin attendant de récolter les fruits mûrs de ses sacrifices.
Mais bien sûr, tu ne dois pas trop te plaindre car toi au moins tu as du boulot et tu devrais être heureuse pour ça.
Récemment, j’ai décidé de faire une introspection sur la notion que j’avais du bonheur et de l’effet qu’avaient toutes ces pressions sur ma vie. J’accomplissais tous les jours de magnifiques choses mais ce n’était jamais suffisant, je me disais : « peut-être qu’à la prochaine action, ce sera le bonheur, je serai remplie de joie, je n’aurai plus à me soucier de quoi que ce soit ».
Mais non ! Cela n’a jamais été le cas. Et j’ai compris que mon erreur c’était de penser que la vie était une course dont le but était d’atteindre un point d’arrivée au lieu de le voir comme un cheminement, un voyage.
Je me suis rendue compte du leurre que c’était de penser qu’il y a un stade atteignable où il n’aura plus à s’inquiéter pour l’avenir, où on aura tellement bien fait les choses qu’on aura juste à s’asseoir et à savourer. Mais non ! Ce ne sera jamais le cas.
Je crois que c’est juste une impression ou un état d’esprit qu’on peut avoir, peut-être parce que les batailles du quotidien deviennent moins rudes avec les années ou parce qu’on est plus fort avec l’expérience.
Bref, pour sortir de cet engrenage, j’ai mis en place quelques actions. Tous les jours depuis quelques mois maintenant, je fais en sorte de faire des activités qui me procurent un bien être immédiat. Par exemple, avant, je me disais qu’il faut que j’aie un bon salaire pour déménager dans un grand appartement avec une grande cuisine, juste pour cuisiner mes plats préférés. Car ce sont des choses simples qui me font énormément de bien. Maintenant que j’ai appris à me contenter de ce que j’ai, je prends du plaisir à cuisiner avec ce que j’ai dans mon tout petit appartement et quand ça sera le bon moment, j’aurai cette grande cuisine.
Je ne dis pas qu’il faut s’interdire de vouloir ou de rêver à de grandes choses dans la vie, je dis juste que sur le chemin pour atteindre ces choses, accordons-nous des moments simples qui nous rendent heureux sans être dans l'excès. Ne pas attendre les grands accomplissements, qui peuvent arriver beaucoup plus tard dans la vie, pour se rappeler qu’on a qu’une seule vie, la nôtre.
Nous avons tous une liste de choses qui nous font du bien, certaines nécessitent de l’argent et d’autres pas nécessairement. Alors pourquoi ne pas commencer par celles qui n’en nécessitent pas ? Il peut s’agir d’une grâce matinée ou d’une journée à ne rien faire, une randonnée, aller voir ses proches, passer une soirée avec ses meilleurs potes et cela, sans s’en vouloir ni se trouver inconscient. On peut le voir comme des moments de recharge avant de reprendre la course vers la réalisation de notre plan de vie.
Merci beaucoup pour cet article ! Effectivement, dans la vie adulte, on se met énormement de pression face à ce que la société/ les gens attendent de nous, ou même en comparant nos vies à celles des autres. Et nous nous perdons sans même savourer et profiter de chaque instant. C'est important que nous gardions en tête, que c'est une marche constante avec les joies et défis du moment.
Encore merci pour cet article très enrichissant 🤩